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Être anxieux pour un avenir qui n’est pas encore réalisé

« Il y a Lucilius, plus de choses qui nous font peur que de choses qui nous font mal ; c’est plus souvent l’imagination que la réalité qui nous met en peine. » Sénèque, lettre à Lucilius 13.

Tout l’avenir est crée dans notre esprit. Ce n’est pas comme si notre futur était certain. Il y en a qui pensent prédire l’avenir, à dire avec certitude tout ce qui va se passer de terrible dans les mois et années à venir. Oui, il y en a qui se prennent pour des dieux. Mais nous aussi, dans notre esprit, quand nous réfléchissons, nous jouons aux dieux. Notre imagination construit un avenir qui paraît plus vrai que la réalité qui nous entoure. Et dans notre imagination, toutes les peurs peuvent se construire, et toute l’anxiété peut trouver sa source, comme si notre esprit avait inventé un océan où se noyer.

Mais nous n’en savons rien. Combien de fois par le passé nous avons imaginé le pire, et le pire n’est jamais arrivé ? Combien de fois nous avons eu peur, et jamais la peur ne s’est matérialisée ? Dans notre imagination, nous avons plus souvent tort que raison. Car comment pouvons-nous connaître l’avenir ? Quel être humain a ce pouvoir ? En effet, soit nous nous considérons comme humains et nous ne pouvons pas connaître l’avenir, soit nous sommes des dieux, et alors l’avenir ne peut pas nous faire peur. Notre esprit, qui nous donne la capacité de créer un monde imaginaire dans l’avenir, peut nous faire croire à notre divinité. Mais la réalité arrive très vite pour effacer cette vanité.

Et même si le scénario que nous imaginons venait à se produire. Pourquoi souffrir deux fois ? Avant que ça ne se produise, et pendant ? L’événement en lui-même est déjà suffisant, s’il est aussi grave qu’on l’imagine. Pas besoin de se fouetter avant. Comme le dit Sénèque dans la lettre 13 : « Même s’il doit se produire, que gagne-t-on à courir au devant de sa douleur ? Tu n’auras que trop vite à souffrir, quand il sera temps. »

Parfois, nous pouvons aussi être anxieux pour un avenir que l’on aimerait voir se produire. Nous avons peur de rater quelque chose, nous désirons quelqu’un qui n’est pas encore là, nous voulons un travail dont tout le monde rêve. Mais peut-être qu’obtenir cette chose que nous attendons risque d’avoir des conséquences que nous n’aimerons pas. Et finalement nous aurions souhaité ne jamais l’avoir. En tout cas pour l’instant nous ne l’avons pas encore, alors il n’y a pas besoin de se tourmenter pour quelque chose dont nous ne savons pas si elle sera un bien pour nous.

Pour finir, il n’est jamais bon de nous laisser avoir par notre imagination. Pourquoi vivre dans un avenir qui n’est pas encore réalisé ? Alors que le présent est déjà là pour le vivre pleinement. Peut-être que tout ce que nous imaginons de mauvais ne se produira pas. Et nous aurons vécu dans l’anxiété pour rien. C’est comme payer les intérêts d’un crédit, sans jamais dépenser l’argent du crédit.

Il vaut mieux alors vivre le présent, et comme le dit Sénèque, de vivre pour un avenir meilleur : « La mauvaise fortune, elle aussi, a son inconstance. Peut-être le mal sera-t-il ? Peut-être ne sera-t-il pas ? En attendant il n’est pas. Envisage un avenir meilleur. » Sénèque, lettre à Lucilius 13.

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