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Être stoïcien, être un adulte

Les émotions sont ce qui nous rend vivant. Chacun de nos désirs, de ce que l’on veut accomplir, est enveloppé d’émotions qui nous font avancer, nous battre, résister, aimer. Les émotions sont source de création. Mais elles sont aussi source de destruction.

Comme un enfant qui pleure parce qu’il n’a pas ce qu’il veut, un homme ou une femme qui déchaîne sa colère autour de lui quand il n’est pas content n’est toujours pas adulte. Or on peut excuser un enfant, il ne comprend pas encore.

La colère n’est pas une mauvaise émotion en soi. Il n’y a pas de mauvaise émotion en soi. La colère a pour but de montrer à l’autre que des limites ont été franchis : qu’on nous a manqué de respect, qu’on a été trop loin. Ceux qui ne montrent pas une forme de colère vont encore et encore se faire écraser par tous ceux qui n’ont pas suffisamment d’empathie pour voir que l’autre a été blessé, ou par ceux qui se moquent de blesser tant qu’ils obtiennent ce qu’ils veulent. Ceux qui ne se défendent pas face à ceux qui les blessent vont continuer à souffrir et penser qu’ils méritent qu’on les traite ainsi. Mais il y a des manières de montrer sa colère, avec mesure.

Cependant, ces gens qui rentrent dans une colère noire dès que les choses ne vont pas dans leur sens ne comprennent pas que cette colère n’est pas sans impacter les autres. Quand quelqu’un rentre en colère, ce sont tous les gens autour de lui qui doivent subir les tensions de cette colère. Ces gens sont un poids pour les autres. Ils coûtent émotionnellement aux autres. Comme un père qui se met souvent en colère, c’est sa femme et ses enfants qui vont en subir les conséquences et être atteint émotionnellement par ce déchaînement qui n’avance à rien. Et ils ne se rendent pas compte que ce prix ne peut pas être payé éternellement, et par tout le monde. Surtout qu’ils se mettent en colère quand ils savent que les autres ne vont pas s’opposer à eux, que ça n’aura pas grande conséquence. Ils ne rentrent pas en colère quand ça risque de leur coûter cher, quand ils risquent quelque chose, quand cela met en péril leur travail ou leur intégrité physique. Ils pèsent sur les autres, coûtent aux autres, mais rien pour eux-mêmes. Ce sont des enfants. Or, on peut excuser un enfant.

Dans le stoïcisme, une des grandes vertus à chercher est celle de la tempérance, du contrôle de soi. Mais à qui prêcher cette valeur ? Qui veut être convaincu qu’il devrait s’améliorer, apprendre à mieux vivre avec lui-même et avec les autres ? Ce n’est pas une époque de gens avec des défauts à corriger ou avec une personnalité à raffermir, c’est une époque de gens convaincus qu’ils sont parfaits, et que les erreurs viennent des autres. On n’a pas besoin de sagesse antique. On connaît déjà toute la vérité. Contrairement à la physique quantique ou à la cryptographie, la philosophie et la psychologie sont des disciplines facilement accessibles au commun des mortels, alors tout le monde peut prétendre à savoir ce qu’il faut faire.

Mais pour ceux qui ont un peu d’humilité, ceux qui savent qu’il y a beaucoup de chemin à parcourir pour la sagesse, ceux qui ne veulent pas être un poids pour les autres, ceux qui veulent être une force bénéfique dans le monde, il est possible de suivre la direction indiquée par les stoïciens, celle de la tempérance, du contrôle de soi, de la maîtrise.

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