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Exercice spirituel – Le regard d’en haut

Nous pouvons parfois arriver à un état d’anxiété tellement avancé que toute petite nouvelle perturbation nous paraît immense, comme si chaque poussière avait la taille d’un grand rocher. On veut nous annoncer une nouvelle et elle est grave avant même d’entendre de quoi il s’agit. Alors à chaque pas que nous faisons, nous reculons vers l’arrière, et à chaque mot que nous disons, nous nous enfonçons un peu plus sous terre. Nous marchons sur une montagne et elle nous donne l’impression d’être un volcan.

En vérité, nos problèmes sont toujours beaucoup moins compliqués qu’on ne le croit. Nous y sommes simplement beaucoup trop impliqués pour avoir une vision honnête et détachée. Souvent nous n’avons pas le bon œil pour juger, alors nous nous pensons ruinés. Mais il suffirait de reculer un peu, d’aller un peu plus loin, de regarder d’un peu plus haut pour voir qu’en fait, nos problèmes ne sont pas les monstres que l’on croit.

C’est un exercice spirituel que les stoïciens recommendaient de faire : le regard d’en haut. Nous sommes dans notre tête, en train de voir ce qui nous entoure, en train d’imaginer ce qui va nous arriver, en train de nous projetter loin, avec les pires scénarios dans l’esprit, comme si le monde allait s’arrêter à cause d’une erreur ou d’une mauvaise chance. Mais si nous allions un peu plus loin, nous verrions bien qu’à côté aussi, chez les autres, on fait des erreurs et on subit des malheurs. En fait, nous ne sommes jamais seuls sur terre avec nos problèmes qui nous semblent astronomiques, mais nous avons tellement l’habitude de ne voir que ce qui se passe dans notre conscience que nous oublions qu’il y a un monde immense à l’extérieur. Nous pouvons monter au-dessus de notre ville et écouter ses bruits, et les sirènes nous disent déjà qu’il y a ici et là des gens qui endurent des malheurs plus graves.

Nous pouvons encore monter plus haut. Dans une ville pas très loin, dans une maison qui paraît n’avoir rien de particulier, il y a des enfants pas encore adolescents qui viennent d’enterrer leur père. Ils auront beaucoup à endurer dans l’avenir, ce ne sera pas simple de vivre comme avant, et par rapport à eux, nos problèmes sont-ils encore vraiment aussi durs à supporter ?

Nous pouvons encore monter plus haut, car le ciel n’a pas encore fermé son seuil. Dans un pays à quelques heures d’avion, sans même parler de guerre, de pauvreté ou de famine, il y a des hommes, des femmes et des enfants qui nous ressemblent beaucoup, qui ont les mêmes désirs que nous, qui ont les mêmes peurs que nous, mais que nous ne connaissons pas, que nous ne verrons jamais, qui vont mourir sans que nous ayons jamais croisé leur chemin. Mais est-ce que nous avons entendu parlé de leurs malheurs ? Et est-ce qu’ils ont entendu parler des nôtres ? Nous aussi nous vivrons sans qu’ils connaissent rien de nos désirs et de nos peurs. Nos problèmes qui nous préoccupent passeront, car sur l’échelle de l’humanité et sur l’échelle du temps, ils ne sont pas vraiment aussi grand que nous le croyions.

Nous pouvons encore monter plus haut, jusqu’à voir la terre entière, jusqu’à voir le soleil et toutes ses planètes, puis toutes les étoiles, puis notre galaxie, puis toutes les galaxies… En fait, vu de cette hauteur, nos problèmes ne sont pas des problèmes, mais simplement des mouvements de l’univers.

Nous ne devons pas trop nous attacher à nos problèmes et leur donner beaucoup de considération, car ils ne sont rien. En regardant de plus haut, en montant vers le ciel pour observer le monde se dérouler, nous pouvons nous rendre compte que la seule chose qui existe, c’est nous, pas nos problèmes.

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