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Le stoïcisme, face à la maladie

Il semblerait que notre esprit soit comme une oreille qui écoute tous les bruits, et qui s’intéresse au plus fort. Lorsque tous les bruits sont à peu près du même volume, l’esprit n’arrête pas de sauter de l’un à l’autre. Mais quand il y a un bruit qui est nettement plus fort, les autres deviennent imperceptibles.

C’est le cas quand le corps est malade : le bruit est tellement fort qu’il écrase tous les autres. Même que les autres bruits paraissent futiles, dérisoires. Comment notre esprit a-t-il pu s’alarmer de choses aussi banales ?

Mais alors, quand le corps sonne l’alarme au plus fort, comment l’esprit va-t-il réagir ? C’est là où le stoïcisme est face à ses plus grands défis. Car faire face aux petits soucis de la vie, ça occupe, mais faire face à la maladie qui touche à ce qu’il y a de plus fondamental en nous, notre corps, c’est une autre épreuve.

Le stoïcisme est une philosophie de l’esprit, il nous dit que notre esprit est notre seul vrai domaine de contrôle. Nos pensées et nos réactions sont les seules choses que nous pouvons vraiment posséder. Tout le reste ne dépend pas de nous, y compris notre corps. Car on peut bien se protéger, faire attention, chercher la bonne santé, mais nous sommes des êtres complexes dans un univers complexe, nous ne pouvons jamais tout maîtriser. Alors ce qu’on ne souhaite pas arrive malgré nos efforts. C’est pour cela que les stoïciens veulent nous faire comprendre que le corps ne dépend pas de nous : pour ne s’étonner quand il ne fonctionne pas comme nous le souhaitons.

Lorsque le corps tombe alors malade, et que la douleur se fait sentir, le stoïcisme nous pousse à ne pas succomber aux émotions fortes qui se provoquent en nous. Car le corps est malade, mais l’esprit peut encore rester sain. La maladie et la douleur sont des signaux du corps qui disent que quelque chose ne va pas et qu’il faut soigner, mais une fois ces signaux compris, il n’est pas très utile de s’y attarder et de les ruminer. Ce qui dépend de nous est de nous soigner.

L’erreur est de dire que la maladie et la douleur ne sont rien, à vouloir agir de manière trop stoïque. Le stoïcisme nous dit de faire preuve de courage face à la maladie, mais ne nous interdit pas la médecine. Nous avons aujourd’hui plusieurs moyens de nous soigner, alors ce serait bête de faire sans et serrer les dents pour prouver je ne sais quelle force individuelle pour impressionner le monde. Mais la médecine ne guérit pas tout, ni tout de suite. Alors quand il ne reste que notre esprit face à la maladie et la douleur, il y a le courage de faire face et de ne pas céder à la peur et l’anxiété. Car on est face à soi, et faut-il vivre à chaque problème de santé les mêmes émotions dévastatrices, ou alors allons-nous cette fois être à la hauteur devant nous-même ? Ce n’est pas la dernière fois que le corps sera atteint par la maladie, alors nous pouvons apprendre à vivre ces périodes aussi bien que nous le voulons.

Enfin, faire face à la maladie et à la douleur montre aussi l’exemple aux autres. Faire preuve de courage montre aux autres la possibilité de faire eux-mêmes preuve de courage quand ils auront à faire face à des difficultés. Le courage est une forme de solidarité, un acte d’amour, d’amitié et de citoyenneté.

La maladie et la douleur peuvent toucher le corps, mais le stoïcisme nous rappelle que notre esprit, notre représentation de ce qui arrive et notre manière de réagir dépendent de nous. Le stoïcisme nous montre la possibilité de faire face, et nous demande de choisir.

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