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Les plus belles citations de Sénèque – Lettres à Lucilius – Livre VII – Lettres 63 à 69

Lettre 63

« Tu veux savoir d’où viennent les lamentation, les gémissements immodérés ? Nous demandons aux larmes de fournir la preuve de nos regrets : on ne se plie pas à la douleur, on en fait parade. Ce n’est jamais pour son compte propre qu’on s’afflige. Ô misérable aveuglement ! Jusqu’à la douleur qui veut paraître. »

« Ce visage, n’importe quel incident va le faire passer au sourire ; et je ne t’ajourne pas à une période un peu éloignée, par où tout regret s’adoucit, par où les plus véhéments chagrins s’apaisent. Dès que tu cesseras d’avoir l’oeil ouvert sur toi-même, cette ombre de tristesse se dissipera. »

« Aussi travaillons à nous rendre douce la mémoire des êtres disparus, car personne n’aime à revenir sur une pensée qui ne peut que réveiller des tourments. »

« Cesse d’interpréter à mal un bienfait de la Fortune : elle a repris, mais elle avait donné. »

« Toute douleur a un terme et, quand la raison ne l’impose pas, le temps nous y conduit. Or pour l’homme de bon sens, dans le chagrin la plus honteuse manière de guérir, c’est de guérir par lassitude. Si tu me crois, laisse la douleur, plutôt que d’être laissé par elle. »

« Et puis peut-être, s’il faut admettre comme vrai le dire des sages, s’il existe un lieu où nous aurons notre demeure, celui que nous croyons perdu n’a fait que nous devancer là-bas. »

Lettre 64

« Ainsi donc je révère les inventions de la sagesse et les inventeurs. Je me saisis des premières avec joie y voyant l’héritage de beaucoup d’aïeux. Ils ont acquis pour moi, peiné pour moi. Cependant, agissons comme le bon père de famille : augmentons le capital reçu ; que passant par moi, cet héritage arrive plus riche à la postérité. Il reste encore beaucoup de besogne, il en restera beaucoup. Après mille siècles révolus, l’occasion ne sera close pour personne d’apporter encore du sien. »

Lettre 65

« Qu’est-ce que notre corps ? Un poids sur l’âme pour son supplice. Il l’opprime, l’accable, il la tient dans les chaînes, mais la philosophie vient dure à l’âme de reprendre son souffle au spectacle de la nature ; elle lui a fait abandonner la terre pour les réalités divines. »

« Je suis trop grand, destiné de naissance à de trop grandes choses pour me faire le valet de mon corps, qui n’est rien d’autre, certes à mes yeux, qu’une chaîne passé autour de ma liberté. J’oppose donc ce corps aux coups de la Fortune pour qu’ils s’y arrêtent, mais je ne permets pas qu’aucun le traverse pour venir jusqu’à moi. Tout ce qui en moi peut ressentir l’injure, c’est le corps. Dans ce bâtiment asservi habite une âme libre. »

« Quant à la mort, comment la concevoir ? Comme une fin ou comme un passage. Des deux côtés je ne crains rien. Finir, ne point avoir commencé, c’est le même état. Passer ? Nulle part je ne me sentirai à l’étroit autant qu’ici. »

Lettre 67

« Je ne demande qu’à être à l’abri des tourments, mais, si j’ai à les subir, me conduire en homme fort, en homme d’honneur, en homme de cœur, sera l’objet de mon souhait. »

« Le courage est souhaitable ? La patience dans les tourments l’est donc aussi, puisqu’elle est une variété du courage. Pousse à fond l’analyse, je le répète et tu éviteras toute équivoque. L’objet du souhait n’est pas de souffrir, mais de souffrir courageusement. C’est ce « courageusement » que je souhaite, c’est-à-dire la vertu. »

Lettre 68

« Ce que le monde aime tant à pratiquer sur le compte des autres, fais-le sur ton compte : seul avec toi-même, dis du mal de toi. Ainsi tu prendras le pli de dire la vérité et de l’entendre. Mais soigne surtout dans ta personne la partie que tu sentiras la moins solide. »

« Ne viens pas me rejoindre dans l’espoir d’un progrès moral. Tu te méprends, toi qui comptes tirer d’ici quelque assistance. Celui qui loge ici n’est pas un médecin, c’est un malade. »

« « Mais ce que tu apprends au moment du départ, quand cela te servira-t-il, et à quoi ? » À partir meilleur. »

Lettre 69

« La continuité des remèdes est la principale condition de leur efficacité. Il ne faut donc pas interrompre le repos, l’oubli de la vie antérieure. »

« Celui qui fait l’effort pour se délivrer de l’amour doit écarter tout ce qui peut lui rappeler un corps chéri, puisque rien n’est prompt à se raviver comme l’amour ; ainsi l’homme résolu à bannir le regret de toutes les choses qui ont enflammé son désir détournera ses yeux et ses oreilles des objets qu’il a quittés. »

« Point de vice qui n’offre une prime : l’avarice promet de l’argent ; la mollesse, mille plaisirs divers ; l’ambition, la pourpre et les applaudissements, par suite la puissance et tout ce que peut la puissance. Chaque vice te sollicite par l’offre d’un salaire. Or, ici, il te faut vivre sans être payé. »

« Pour qu’une œuvre isolée, à quelque genre qu’elle appartienne, réalise, et à grand-peine, la perfection, il faut une vigilance, une tension sans relâche. »

« Persuade-toi de la fausseté de ce mot que répètent les ignorants fieffés : « la belle mort, c’est la mort naturelle. » La mort peut-elle être autre chose que naturelle ? Dis-toi encore, si tu veux : nul ne meurt qu’à son heure. De ton temps tu ne perds rien : ce que tu en laisses n’est plus à toi. »

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