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Se libérer de la servitude

« Que te faut-il pour devenir homme de bien ? Le vouloir. Or, que pourrais-tu vouloir de mieux que de t’arracher à cette servitude dont le poids pèse sur tous les hommes, que nos esclaves de la plus basse catégorie et nés dans l’abjection s’efforcent de rejeter par tous les moyens ? L’argent qu’ils se sont amassé au détriment de leur ventre, ils le donnent pour racheter leur tête. Et tu ne souhaiterais pas de conquérir la liberté à tout prix, toi qui naquis, à ton estime, dans l’état de liberté ? Tu regardes vers ton coffre-fort ? Elle ne s’achète pas. » Sénèque, Lettres à Lucilius, 80.

On ne parle pas de la liberté physique mais de la liberté de l’esprit. De ne plus être soumis à des désirs qui ne mènent nulle part. De ne plus être manipulé par la volonté des autres. De ne plus être agité par des peurs, des tristesses, des colères qui nous écrasent. L’esprit qui rumine et qui s’inquiète n’agit pas.

Et comme le dit Sénèque, la seule chose qui manque pour être libre, c’est de le vouloir. Et ce n’est pas le vouloir de temps en temps, mais toujours, à chaque instant. Chaque décision est possible à prendre de manière intentionnelle. Chaque idée qui s’invite dans l’esprit est possible à évaluer avant d’agir sur elle. Chaque mouvement est possible à orienter pour aller dans la direction que l’on a choisie, pas celle qui a été choisie malgré nous.

Bien trop de gens ne suivent que ce que les autres valorisent et leur disent est important : l’argent, les possessions, le statut social, la publicité de sa propre personne. Ils abandonnent la liberté de leur esprit pour l’aliénation aux objets et à l’image. Ils manquent de désirs propres alors on en leur fournit. Quand on est vide, on attire n’importe quelle matière.

Mais ce n’est pas la seule manière de vivre. Se construire par ses propres mains demande de la liberté. Se modeler selon son propre dessin demande du travail quotidien. Et qu’est-ce qu’il manque pour y arriver ? Le vouloir, tous les jours, à chaque instant.

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