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Utiliser la spiritualité pour couvrir ses vrais problèmes

Nous avons tous croisé une personne qui tient une posture spiritualisante un peu trop enflée. Ou un idéalisme et un moralisme excessif, rigide, dogmatique, et parfois culpabilisant. Pourtant cette personne n’a pas l’air vraiment heureuse ni sereine malgré qu’elle parle sans cesse de spiritualité et d’idéal, il y a quelque chose de suspect dans son attitude.

Peut-être tombe-t-elle dans ce que les psychologues appellent le « spiritual bypassing », ou ce qu’on peut traduire par court-circuitage spirituel. C’est une notion qui a été inventée par le psychologue John Welwood, qui a beaucoup travaillé sur le rapprochement de la psychologie occidentale et des sagesses orientales.

Par la notion de court-circuit spirituel, on parle de la tendance à essayer de masquer ses problèmes psychologiques comme :

– les troubles de l’anxiété

– l’estime de soi

– l’isolement social

– le manque d’attache humain

Avec des attitudes et des postures comme :

– la partique de la spiritualité et la recherche de l’éveil spirituel ou affirmer qu’on est déjà éveillé

– une attitude ultra positive dans des situations qui n’appellent pas naturellement à ça

– mettre trop l’accent sur la gratitude pour ce qu’on a et qu’on est satisfait, alors qu’en vérité on se sent misérable

– se dire qu’on est supérieur moralement et qu’on recherche un idéal que les imbéciles ne comprennent pas

– être totalement détaché de tout ce qui se passe de grave car on se sent au-dessus de toutes les problématiques humaines

Toutes ces attitudes peuvent être honnêtes subjectivement, mais elles peuvent aussi être des mécanismes défensifs qui servent à cacher des problèmes qu’on ne veut pas confronter. La spiritualité peut envoyer une lumière tellement forte qu’elle cache toutes les petites lumières qui peuvent mieux nous aider à nous développer.

Cela rejoint l’article que j’ai écrit sur la mauvaise tendance à utiliser la philosophie du stoïcisme pour justifier ses défauts et éviter de vivre ses émotions de manière saine (http://www.apprendreavivre.fr/ce-que-le-stoicisme-ne-devrait-pas-etre/).

Il est possible que l’on trouve refuge dans le stoïcisme pour masquer ses vrais problèmes psychologiques :

– Se dire qu’on veut atteindre le parfait détachement de ce qui ne dépend pas de nous et rester équanime comme le sage, cela peut cacher le fait d’avoir peur de la possibilité de perdre son attachement et la tristesse naturelle qui peut s’ensuivre

– Se dire qu’il n’y a que la vertu qui est un bien et que tout le reste est un indifférent dont il faut au mieux faire usage, c’est aussi ne pas vouloir assumer ses responsabilités vis-à-vis des autres et ne se préoccuper que de son ego, car quand on ne donne pas de la valeur à quelque chose, on ne se sent pas obligé de la maintenir

– Se dire que dans la vision d’en haut, et dans l’entrelacement de tout, les petites choses n’ont pas d’importance, comme un nihiliste qui dirait que rien ne vaut rien alors pourquoi se préoccuper de quoi que ce soit. Or tout est petit quand on voit de suffisamment haut.

Ce qu’on peut retenir de cette notion de court-circuit spirituel est qu’il vaut mieux être prudent quand on s’engage dans des chemins spirituels et idéalistes. Parfois nous le faisons pour de mauvaises raisons.

Il ne vaut mieux pas ignorer ses émotions ou ses conflits intérieurs et extérieurs, mais apprendre à les confronter de la manière la plus efficace avec les outils qu’on a ou qu’on peut développer.

Il y a beaucoup de sagesse à apprendre des anciennes traditions et philosophies comme le bouddhisme et le stoïcisme. Mais ce ne sont pas des rideaux pour masquer la complexité du monde et notre peur de devoir l’affronter. Le monde spirituel qu’elles nous offrent ne remplacera jamais le monde véritable et concret dans lequel nos vies mouvementées et pleines de conflits se passent.

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