Se battre contre ses émotions est difficile. Une fois qu’elles sont là, souvent le mal est fait, la colère nous a fait trembler, la tristesse a obscurcit notre regard, l’envie nous a rendu haineux. Nous nous sentons submergés une fois qu’elles nous ont envahit et nous pensons que ce n’est pas humainement possible de ne pas céder. Or nous pouvons très bien voir que dans la même situation d’autres n’ont pas réagi de la même manière. Par exemple, deux personnes ont vécu une rupture amoureuse difficile, et l’une entre dans une colère noire, alors que l’autre se sent désespérément triste. Dans une telle situation, la colère et la tristesse peuvent toutes les deux survenir dans l’esprit d’un être humain. La première personne aurait pu être triste et la seconde aurait pu être en colère, mais ce ne sont pas les émotions auxquelles elles se sont identifiées. Elles ont cédé aux émotions auxquelles elles ont voulu s’accrocher.
C’est ce qu’il faut comprendre, nos émotions ne nous affectent que lorsque nous nous identifions à elles. Donc dès qu’elles apparaissent devant nous, durant un bref moment, nous pouvons les observer. Au lieu de dire : je suis en colère, je suis triste, je suis envieux, je suis déçu, nous pouvons dire : je vois la colère, la tristesse, l’envie, la déception qui essaie de m’atteindre. C’est possible de les voir émerger dans notre corps, devant notre esprit, et ne pas nous identifier à elles. Si nous les laissons un instant flotter sans nous y accrocher, elles disparaîtront d’elles-mêmes. Comme une pierre lancée à toute vitesse, si on ne se met pas sur son chemin, elle va traverser l’espace sans nous toucher.
Ainsi nous pouvons apprendre à observer nos émotions lorsqu’elles surviennent, ne pas s’identifier à elles et ne pas avoir besoin de nous battre contre elles et subir leurs conséquences.