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[Stoïcisme] Le conflit entre la puissance de l’insatisfaction et le bonheur de la sérénité

Il y a un conflit qui est en chacun d’entre nous. Le conflit entre vouloir réaliser quelque chose de significatif de son temps, ce qui demande de l’ardeur, de la persistance, de la rigueur, de l’acharnement, et vouloir la tranquillité, qui demande du lâcher-prise, de la stabilité, du détachement.

C’est aussi un conflit entre la douleur de l’insatisfaction qui donne de l’énergie, qui nous force à agir, qui est le principal moteur de tout ce qui est réalisé de bon comme de mauvais dans le monde, et entre la sérénité de la satisfaction, qui nous permet la paix.

C’est enfin le conflit entre la vitalité de l’émotion qui nous agite, qui nous perturbe, et reflète la puissance de la vie, et entre le sérieux de la maîtrise qui est nécessaire pour ne pas se laisser détruire.

Certains disent que c’est possible d’avoir l’acharnement, l’énergie de l’insatisfaction, la vitalité de l’émotion, en même temps que la tranquillité, la satisfaction, et la maîtrise. Je dis que ce n’est pas possible. Ce sont des forces opposées, des désirs opposés, comme vouloir en même temps l’intensité du feu et la fluidité de l’eau, en même temps la dureté d’un solide et la légèreté d’un gaz, en même temps le son de la musique la plus entraînante et le silence d’un ciel sans étoiles. Ce n’est pas possible en même temps.

Peut-être que ces gens arrivent à imaginer un monde fait d’équations physiques différentes, d’une humanité sortie d’un autre moule, mais dans la pratique, dans le réel, vouloir deux forces opposées en même temps n’est pas possible. Il faut choisir.

Alors qu’est-ce qu’il faudrait choisir ? Est-ce qu’il est mieux de souffrir d’insatisfaction perpétuelle pour nous pousser à l’action, de s’acharner pour réaliser tout ce qui est possible, de vivre l’intensité des émotions qui nous font vibrer, des tristesses et des joies, des doutes et des soulagements ? Ou est-ce qu’il est mieux de vivre dans la tranquillité et la stabilité, dans la sérénité et la satisfaction, dans la certitude et la maîtrise ?

La vie est faite de ces deux forces opposées. Quelques-uns d’entre nous sont davantage portés par l’insatisfaction et la volonté d’agir, d’autres ont davantage envie de tranquillité, de sérénité et de contemplation. Et les uns et les autres ont besoin d’être attirés parfois par la force opposée. Ainsi selon les circonstances, selon l’âge, selon le tempérament, on sera attiré par le bruit ou par le silence, car comme dans la musique, l’un n’existe pas sans l’autre.

Nous avons besoin de faire preuve de connaissance de soi, de discernement (phronesis) dans les situations qui se présentent à nous, et de savoir-faire pour pouvoir se saisir de la force la plus adaptée pour nous.

En revanche, le conflit chez l’être humain est éternel.

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