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Contre la démesure, invoquer la valeur ancienne de la mesure

L’être humain a toujours vécu dans un monde de manque.

Il manquait de ressources, de nourriture, d’eau, de santé. Il errait en petits groupes, nomade sur des kilomètres pour trouver un lieu qui serait plus accueillant pour lui. Avec toujours le risque de ne rien trouver. C’est ça la réalité de l’être humain. Son esprit est nourri de manque.

Ce n’est plus le cas aujourd’hui. En quelques centaines d’années, une grande partie de l’humanité a plus à manger que nécessaire. Et on meurt aujourd’hui plus d’obésité que de famine.

La consommation se fait sur étagère. Tout est disponible facilement, et notre esprit qui a l’habitude de vivre dans le manque n’est pourtant pas rassasié. Au contraire, il n’en a jamais assez.

Alors on consomme sans mesure, on voudrait s’enrichir sans mesure, et encore plus important, montrer ces richesses à son voisin. De très anciens circuits de l’esprit agissent sur nous sans nous en rendre compte. Notre esprit de compétition sexuelle, de désir de statut social, et de survie, nous pousse à certains comportements qui sont rationnalisés après coup. Les gens ne savent pas ce qui les fait vouloir.

L’excès est rationalisé, au point de devenir une valeur moderne. Une valeur qui nous détruit, qui fait tomber les uns dans l’addiction, les autres dans la dépression.

Pour contrer la valeur moderne de l’excès, on peut invoquer la valeur ancienne de la mesure. Savoir ce dont on a besoin, ce qui est nécessaire. Ne donner aux objets qu’une valeur d’utilité. Miser sur ce qui est durable et va résister au temps. Et ne pas s’attacher aux choses matérielles. Après tout, ils sont là pour nous servir, pas pour nous perturber.

Faisons d’une idée simple un principe infaillible : ce n’est pas ce que nous possédons qui nous donne de la valeur, mais ce que nous incarnons.

« De deux hommes de bien, celui qui est le plus riche n’est pas pour cela le meilleur ; pas plus qu’entre deux pilotes, également habiles, on ne saurait donner la supériorité à celui qui possède un navire plus grand et plus imposant. » Sénèque, Lettre à Lucilius, 73.

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