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La maîtrise de soi est une force à acquérir

« Souviens-toi que tu dois te comporter dans la vie comme dans un banquet. Quand le plat, faisant le tour des convives, arrive devant toi, tends la main et sers-toi comme il convient. S’il te passe sous le nez, n’insiste pas. S’il tarde, ne louche pas dessus en salivant mais attends qu’il arrive devant toi. Fais de même pour les enfants, pour une femme, pour les charges officielles, pour l’argent, et, un jour, tu seras digne de boire à la table des dieux. Mais si, les choses t’étant offertes, tu t’abstiens même d’y toucher, d’y jeter les yeux, tu seras dignes non seulement de boire avec les dieux, mais de régner comme eux. » Épictète, Manuel XV.

Épictète était parfois extrême dans ses paroles. Entre lui, Marc-Aurèle et Sénèque, c’est certainement le plus sévère des derniers stoïciens. Mais ici il n’a pas tort. Même qu’il nous conseille quelque chose de très bénéfique : développer notre capacité à nous restreindre devant les plaisirs.

La maîtrise de soi n’est pas un nouveau concept du monde industriel et capitaliste qui prône la performance, comme j’ai eu le malheur de l’entendre dans la bouche d’un économiste… La maîtrise de soi est une force de caractère qui a existé bien avant Marx. Épictète étant un plus ancien philosophe.

Être incapable de se maîtriser devant la nourriture ou devant tout autre forme de plaisir ne veut pas dire qu’on s’accepte comme on est. Comme si l’acceptation de soi était l’excuse de tous les défauts. Aujourd’hui on peut être malpoli, égoïste ou insultant, et vous dire que c’est parce qu’on s’accepte comme on est. Ce n’est pas de l’affirmation de soi, c’est de la mauvaise éducation.

Être incapable de se maîtriser nous donne le sentiment de n’être pas assez fort, d’être fragile, facile, ça nous fait du mal, et c’est parce que nous reconnaissons que pouvoir se maîtriser est une bonne chose. Pouvoir se maîtriser, c’est ne pas être l’esclave de ses désirs, c’est ne pas réagir impulsivement à chaque fluctuation de la chimie cérébrale, de la biologie, des hormones. Dans quel malheur sont ceux qui, dès que le manque de leur drogue se fait sentir, peuvent se permettre tout pour y goûter. Nous les trouvons pathétiques, mais avec beaucoup d’autres choses, nous ne sommes pas mieux.

En revanche, pouvoir se contrôler, savoir que nous aurions pu céder mais que nous ne l’avons pas fait parce que nous l’avons décidé, cela donne beaucoup d’énergie, de confiance en soi, d’assurance. Cela veut dire que nous ne sommes pas aussi fragiles que nous aurions pu le penser, que nous ne sommes pas aussi vulnérables, aussi volatiles. C’est une autre forme de richesse, qui est à chercher et à développer.

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