« Ce qui tourmente les hommes, ce n’est pas la réalité mais les jugements qu’ils portent sur elle. » Épictète, Manuel, V.
On revient à la base. Ce principe stoïcien est très simple, mais plus on vit et survit, plus on se rend compte de combien il est juste. Donc qu’on peut lui faire confiance et en faire usage.
Par exemple, on se croit gravement malade, alors on s’imagine le pire. Toutes les projections, les voyages, les objectifs, les ambitions, les désirs, tout se trouve chamboulé et remis en question. La tristesse nous submerge. La peur nous tient comme son esclave. Jusqu’à ce qu’on ait un résultat médical qui nous dit que ce n’est rien de grave, alors on se sent libéré. Tous les projets reviennent, la vie redevient comme avant. On se dit qu’on va apprendre de cette période compliquée où on s’est vu mourir, mais on ne le fait pas. On retombe dans les mêmes erreurs stupides.
Notre jugement erroné de notre situation nous a rendu triste et nous a fait passer un mauvais moment, alors qu’en vérité il n’y avait rien. Les stoïciens avaient raison. Ce n’est pas la situation qui nous fait du mal, c’est nos jugements sur elle. C’est notre représentation de la situation. Notre évaluation positive ou négative.
C’est la même chose lorsqu’un drame arrive à quelqu’un d’autre. Une perte d’emploi peut être pénible. On peut voir un ami en souffrir et se sentir minable et sans valeur après s’être fait licencier. Alors on lui dit que ça va passer, que ce n’est rien, qu’il va retrouver un autre emploi et que tout reviendra dans l’ordre. Et au final c’est ce qui arrive. Mais son jugement intérieur sur sa situation est mauvais, alors que notre jugement extérieur est plus juste. Si la même situation nous arrivait, et que nous n’apprenons rien de nos expériences et celle des autres, je pense que nous serions dans le même état que notre ami.
Au final, c’est une question d’apprentissage. Nous pouvons apprendre à mieux voir. Les situations qui se présentent à nous ne sont ni bonnes ni mauvaises. Elles peuvent en revanche être difficiles. Mais en les abordant avec un meilleur jugement, en évitant de se projeter dans l’avenir trop hâtivement, en essayant de travailler sur ce qui dépend de nous tout de suite, il est possible de vivre les événements qui nous arrive avec une bien plus grande sérénité. Je pense que c’est mieux que l’inverse.
Alors il nous reste à apprendre. Un travail long mais utile, l’éducation de nos yeux.