Hier après-midi, alors qu’il y avait un soleil de plomb sur Paris, une tempête s’est précipitée sur la tête des promeneurs. Tout le monde s’est alors rué au métro, bondé et bruyant. Alors que la rame se remplissait, une jeune femme semblait de plus en plus suffoquer. Elle transpirait, semblait essoufflée, et dans ses yeux on voyait beaucoup d’inquiétude.
« – Madame, tout va bien ?
– Oui… oui… ça va. »
L’anxiété l’a prise de plein fouet. Le monde autour d’elle, les gens qui se poussaient, les incivilités. Elle n’arrivait pas à supporter.
Ceux qui ont vécu l’anxiété savent à quel point ça peut être handicapant. Et les gens qui en souffrent trouvent cela insurmontable. Alors un anxieux va éviter les circonstances qui lui sont difficiles à supporter. Et on ne peut pas le leur reprocher. Leur souffrance est grande. Sauf qu’éviter les situations difficiles ne nous rend qu’encore plus susceptibles et fragiles devant elles.
Ce que j’aime chez les stoïciens n’est pas leur logique ou leur raison, mais leur esprit de combat et leur exigence. Ils nous apprennent à ne pas rester derrière nos murs, ou isolé dans notre jardin, mais d’aller face à ce que le monde nous présente comme épreuves et l’affronter. Tout événement est un défi. Tout est occasion, non pas de voir de quelle matière on est fait, mais de quelle matière nous voulons nous construire.
« Un feu violent a vite fait de s’assimiler tout ce qu’on lui apporte et de le consumer et, grâce à tous ces objets, s’élève à une plus grande hauteur. » Marc-Aurèle, Pensées pour moi-même, Livre IV, 1.
L’action est une discipline à développer. L’anxiété se combat petit à petit en étendant les situations devant lesquelles on arrive à faire face. D’abord le feu est presque absent. Plus on l’alimente, plus il s’étend. Au fil du temps, des situations et de l’action, le feu devient si grand que ce qui était difficile auparavant devient insignifiant.