Si on devait dire à voix haute toutes les pensées qui nous passent par la tête, on ne s’arrêterait pas de parler. Notre cerveau est une machine à débiter des pensées, quand il n’a rien à faire.
Malheureusement, ces pensées dans la tête ne sont pas toujours inoffensives. Quelques-uns d’entre nous sont assez violents avec eux-mêmes. Ils se brutalisent comme s’ils étaient leurs propres ennemis. Et ça a des effets désastreux sur comment ils se sentent, sur leur vie en général.
Le discours intérieur est tout à fait naturel, mais il peut être dangereux quand il se déchaîne contre nous. L’inquiétude est tout à fait naturelle, elle nous pousse à agir, jusqu’à ce qu’elle devienne elle-même plus inquiétante que le problème qui l’a engendrée au départ. En revanche, le discours intérieur peut être un allié très fort pour surmonter beaucoup d’épreuves.
Les stoïciens parlaient déjà de l’importance de maîtriser son discours intérieur, d’être cohérent avec soi-même, de ne pas se laisser entraîné par les émotions. Notre manière d’interpréter les événements, ce que nous disons sur ce qui arrive, détermine aussi comment nous allons les vivre.
Dans le livre « À l’écoute de ma voix, faire de sa petite voix intérieure une alliée pour la vie », le professeur de psychologie Ethan Kross, directeur du laboratoire des émotions et du contrôle de soi de l’université du Michigan, nous donne quelques techniques qui permettent de mieux maîtriser son discours intérieur.
Une des techniques très efficaces consiste à prendre de la distance avec soi. Lorsque la voix dans la tête commence à accélérer son débit et susciter l’anxiété, il est utile de prendre spatialement et temporellement de la distance avec ce qui se passe :
– Spatialement en voyant le discours comme si ça venait de quelqu’un d’autre que nous, par exemple un membre de la famille ou un ami. Car on ne laisserait pas un proche se faire autant de mal, pourtant quand il s’agit de nous, c’est la guerre instantanée.
– Temporellement en se demandant si l’inquiétude qu’on se fait tout de suite va vraiment compter plus tard. Ou alors en se demandant si l’inquiétude qu’on a eu dans le passé a vraiment servi à quelque chose.
Ensuite, au lieu de rester seul avec sa voix dans la tête, il est utile de parler à un ami de nos problèmes pour qu’il nous donne une vision plus juste de la situation, ou même en parler à plusieurs personnes afin d’avoir une vision plus globale et variée de ce qui se passe. Ces techniques permettent de réduire l’emprise qu’a un discours intérieur un peu trop bruyant sur nous.
Travailler sur notre discours intérieur est une des manières les plus pérennes d’apprendre à affronter toute sorte de situation. Il est bien temps d’arrêter d’être son propre ennemi, de se tourmenter et de se faire du mal.