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Être soumis au jugement des autres

« Si on livrait ton corps au premier venu tu serais indigné ; et pourtant tu livres à n’importe qui ton jugement avec pouvoir d’y jeter trouble et confusion pour peu qu’on t’injurie, et tu n’as pas honte. » Épictète

Nous n’avons vraiment pas honte. Nous le faisons et refaisons comme si nous n’avions aucune valeur. Évidemment que nous ne nous laisserions jamais abuser physiquement par quelqu’un, mais nous nous laissons tout le temps abuser psychologiquement par tout le monde. Dès qu’on dit quelque chose sur nous, nous réagissons, nous doutons, nous sommes anxieux, nous sommes complètement troublés parce que celui-ci a dit du mal de nous, ou parce que celle-là a fait un petit commentaire. Et ce ne sont pas forcément des gens que nous connaissons. Parfois le regard d’un étranger suffit pour nous déstabiliser. On peut passer la journée à ruminer ce que quelqu’un qu’on ne connaît pas du tout a dit sur nous ou sur un sujet qui nous touche. Comme si on donnait à sa parole la même valeur qu’à celle d’une autorité ou d’un expert. Mais est-ce qu’il sait lui-même de quoi il parle ? Est-ce que notre jugement serait si faible et instable qu’on préférerait donner raison à quelqu’un qui ne fait que répéter avec certitude des bêtises dont il n’est même pas convaincu lui-même. Et si une troisième personne venait parler avec vous deux, peut-être qu’elle aussi pourrait vous troubler et en même temps troubler la personne qui vous a troublé. Parce qu’on laisse notre esprit tellement vulnérable aux commentaires de tout le monde que tout ce qui passe nous emporte, comme du sable fin qui se fait remuer par toutes les vagues qui passent, même les plus petites.

Nous avons besoin de retrouver un peu de calme et de maîtrise dans notre esprit. Ce n’est pas possible de se laisser toujours emmener par l’opinion de tout le monde. Parce que sur la plupart des sujets l’opinion des gens ne vaut pas plus que la nôtre. Et ils ne nous connaissent pas suffisamment pour pouvoir nous juger correctement. C’est Marc Aurèle qui nous dit : « Ça ne cessera jamais de m’étonner : nous aimons tous nous-mêmes plus que les autres, mais nous nous soucions de leurs opinions plus que de la nôtre. »

Pour retrouver la liberté dans notre esprit, il faudrait faire preuve de plus de discernement. Lorsque nous sentons que l’opinion de quelqu’un commence à nous troubler, à nous agiter, il faudrait nous arrêter et essayer de réévaluer plus sereinement ce que nous venons d’entendre. Peut-être que nous pourrions apprendre de lui quelque chose que nous ne connaissons pas et ce qui nous a troublé est notre manque de connaissance qu’il faudrait dans ce cas-là combler. Mais si ce qui nous a troublé sont les commentaires d’une personne à qui nous avons donné trop de crédit, et qui commence à nous déstabiliser, non pas à cause de ses connaissances mais à cause de notre manque de confiance en nous-même, alors il faudrait lui enlever la valeur qu’il ne mérite pas, et retrouver le contrôle sur notre esprit.

Si nous laissons notre esprit à n’importe qui, nous risquons d’être emmenés n’importe où.

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