Je n’ai jamais autant regardé les infos que dernièrement. L’épidémie de coronavirus est partout, et nous revenons sans cesse avoir notre dose d’anxiété, de malheur, à connaître le nouveau décompte des morts, et à entendre encore une fois les gens sortir et se plaindre de voir beaucoup trop de gens à l’extérieur. Tout ce malheur et cette négativité sont magnétiques.
Les informations sont importantes, elles nous servent à prendre des décisions, de meilleures décisions on l’espère, et le travail des journalistes est nécessaire, bien sûr. Pourtant, combien de fois devons-nous entendre la même information tragique pour la comprendre ? Et combien de malheurs en plus devons-nous ajouter à notre vie pour qu’elle devienne totalement misérable ?
Les médias ne sont pas là pour nous rassurer et nous faire rêver. Ça c’est le business de la publicité. Les médias sont quant à eux – malgré eux parfois, mais intentionnellement souvent – des marchands de malheur. Et notre erreur est de dépenser chez eux bien plus qu’il n’en faut. Nous allons à la première enseigne et on nous offre des malheurs au prix de beaucoup d’angoisses, et lorsque nous changeons d’enseigne, nous tombons parfois sur bien pire, beaucoup plus cher, et nous dépensons notre santé comme si nous n’avions qu’en faire.
Pour continuer à consommer chez eux, les médias n’hésitent pas à offrir toujours plus grave, toujours plus spectaculaire, à aller chercher les plus sordides histoires, à pleurer les plus petits malheurs, à importer tous les conflits du monde, à transformer une fuite d’eau en tsunami et un petit feu de bois en éruption. Ils sont dans leur rôle. Ils font leur commerce. Ils n’agissent ni plus ni moins que selon ce qu’ils pensent le mieux pour leur survie. Mais c’est nous qui alimentons leur succès.
Alors il devient notre choix d’aller chercher ou pas des marchandises qui ne rajoutent à notre vie que malheurs et angoisses. Au-delà de ce qui nous affecte et sur lequel nous pouvons agir, le flux constant d’informations est inutile et même nuisible. Il dépend de nous de savoir faire la distinction, et il dépend de nous de ne pas aller en consommer en excès.