« Ce qui tourmente les hommes, ce ne sont pas les événements mais les jugements qu’ils ont sur les événements. » Épictète, Manuel, V.
Notre esprit est très puissant. Il est capable de construire un monde entier rien qu’au travers de l’imagination. Il y a des auteurs extraordinaires, qui arrivent à imaginer des mondes fascinants de science-fiction, de fantasy, et même qui ressemblent à notre monde, et ils ont tellement vrai qu’on y croit. Pourquoi ? Ils ne sont pas vrais, pourtant on s’y croirait.
C’est notre esprit qui a cette capacité à se projeter dans des mondes imaginaires comme s’il s’agissait de la réalité. Car quand on n’y pense, il n’y a pas vraiment de différence entre une scène réelle et une scène imaginaire. Quand on est en train de rêver, et que le rêve est un cauchemar, on a peur et on se réveille au milieu de la nuit en panique. Pourtant le cauchemar n’est pas réel. Mais notre pauvre esprit n’est pas assez développé pour faire la différence entre ce qui est réel et imaginaire.
Le problème avec les mondes imaginaires, c’est que nous sommes tous des auteurs très prolifiques d’histoires qui n’ont rien de réel. Elles se passent dans notre esprit. Toutes les minutes nous sommes en train d’imaginer quelque chose sur l’avenir ou sur le passé. Et ces histoires ont l’air tellement vraies que nous réagissons comme devant un cauchemar. Pourtant ce n’est pas vrai. Ce n’est que notre imagination qui s’est emportée. Mais nous réagissons à ces histoires imaginaires comme s’il s’agissait de la réalité. Et nous anticipons beaucoup de malheur qui finalement n’aura pas lieu.
Pourtant il est possible de ne pas tomber dans ces erreurs. Quand nous comprenons ce que nous dit Épictète, que nous ne réagissons pas aux événements qui arrivent mais à notre interprétation de ce qui arrive, nous pouvons nous arrêter lorsque nous commençons à imaginer des choses qui n’existent pas.
Souvent une conversation s’est mal passée avec quelqu’un et nous n’arrêtons pas après de la ressasser et d’en déduire des choses qui ne sont pas vraies. Nous faisons notre propre conversation avec lui. Nous posons les questions et nous donnons les réponses. Et nous finissons tellement usés émotionnellement, dans la colère ou la frustration, jusqu’à risquer de mal réagir alors qu’en réalité ce n’est que notre jugement de la conversation qui nous y amené.
Alors la prochaine fois, il vaut mieux ne rien imaginer. Se cantonner à la réalité, aux faits, en étant raisonnable et en évitant de tomber dans les pièges de l’esprit et ses faiblesses. Combien de malheurs nous pourrons éviter quand nous saurons vivre de cette manière !