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Préméditation des moments difficiles à venir

« Veux-tu dépouiller toute inquiétude ? Quelque événement que tu appréhendes, mets-toi dans l’esprit qu’il se produira immanquablement. Quel que soit le mal, prends-en la mesure dans ta pensée, établis là-dessus le bilan de tes craintes : tu comprendras certainement que ce qui te fait peur est sans importance ou sans durée. » Sénèque, Lettre à Lucilius 24.

Jusqu’à Noël, nous serons privés de notre liberté de nous déplacer, sans pouvoir voir nos proches, nos amis, nos amours, sans pouvoir travailler.

Nous serons seuls pour certains d’entre nous, il y aura des moments où la solitude pèsera, malgré tous les appels vidéos à toutes les personnes que nous connaissons. Il y aura des soirs où tout risquera d’être remis en question. Il y aura des moments de doute intense, d’anxiété, peut-être d’affolement. Tout cela peut arriver.

Nous pourrons perdre notre travail. L’économie sera en berne. Peut-être qu’il faudra des mois avant de pouvoir retravailler. Peut-être qu’il faudra changer d’orientation ou de carrière. Peut-être qu’on nous demandera de prendre une retraite anticipée alors que le travail est une des principales activités de notre vie.

Nous pourrons perdre nos relations amicales et amoureuses. Ce qui a été construit en quelques mois sera détruit en quelques semaines. Ce que nous pensions éternel ne sera finalement qu’éphémère face à l’éternel. Les semaines à venir sont pour l’être humain des voleuses de joie. Le confinement est une torture psychologique inhumaine qui n’était jusque-là appliquée qu’aux pires criminels dans les prisons les plus violentes. Voilà que nous devons le subir à notre tour.

Tout ce mal peut arriver. Tout ce mal arrivera plus ou moins pour certains d’entre nous. Mais après tout cela, même quand tout ce mal se sera produit, ne resterons-nous pas en vie ? Car il y aura bien une fin à ce confinement. Il durera des semaines, mais pas des années. Et le reste de notre vie est plus important que ces quelques semaines qui viennent.

Ce que nous redoutons va passer, et ne sera qu’un mauvais souvenir, comme tous les autres mauvais souvenirs que nous avons, comme tous les mauvais moments que nous avons passés. Ils se sont passés, mais aussi, ils sont passés.

Dans la perspective de tout ce mal qui arrive et qui n’est pas sous notre contrôle, il reste quelque chose de précieux qui est sous notre contrôle, c’est notre réaction face à lui, notre manière d’agir, notre manière d’être, notre manière de penser. On peut nous dérober de notre liberté mais on ne peut pas nous dérober de notre âme. Il faut la céder car on ne peut pas nous la prendre. Et nous ne la céderons pas.

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