Vous pouvez retrouver la première partie ici: http://www.apprendreavivre.fr/irvin-yalom-regarder-le-soleil-en-face-1-3/
Le pouvoir des idées
Les idées fortes peuvent sauver la vie. Dans ce chapitre Yalom nous présente quelques idées, tirées de la littérature et de la philosophe, qu’il utilise durant les thérapies afin d’aider ses patients à surmonter leurs angoisses et à mieux vivre.
Rippling,
ou l’effet de rayonnement :
C’est
l’idée fondamentale que nous ne sommes pas insignifiants. Nos
actions ont des effets sur les autres, et ces effets peuvent être
bénéfiques. Nous allons mourir, c’est vrai. Mais nous pouvons
laisser beaucoup de nous-même dans notre famille et nos amis. Nous
ressentons une immense satisfaction lorsque nous nous rendons compte
(parce qu’on nous l’a dit ou parce qu’on le voit) que nous
avons compté pour quelqu’un, grâce à ce que nous lui avons dit
un jour, ou parce que nous l’avons aidé durant un moment
difficile, ou parce qu’on lui a appris une compétence qui lui sert
tous les jours pour mieux vivre. L’angoisse est grandement dissipée
lorsque nous agissons de telle sorte que nous soyons utiles aux
autres, et ainsi nous
rayonnons
sur les autres au point qu’ils gardent en eux une partie de
nous-même.
« Tout
s’efface : choisir exclut » :
C’est l’idée
qui avait sauvé Pat dans le chapitre précédent. Il faut nous
rendre compte que lorsque nous devons effectuer un choix, toutes les
possibilités qui découlent des autres alternatives que nous
n’aurons pas choisies sont exclues, et de là vient une grande
angoisse et la difficulté d’effectuer le choix. Nous ne pouvons
pas être tout en même temps, ni obtenir tout ce que l’on veut. Il
faut choisir, et se tenir à notre choix. Ne pas se disperser. Ne pas
ruminer. Car le temps avance, et si nous ne construisons rien de
solide, nous flotterons à jamais, et nous regretterons d’avoir été
lâche et d’avoir hésité.
Vivre
la même vie, indéfiniment :
L’idée
de l’éternel retour
chez Nietzsche est une des idées les plus fortes qui peuvent nous
aider à vivre une vie avec le moins de regrets possibles (cf.
http://www.apprendreavivre.fr/nietzsche-leternel-retour-une-idee-qui-peut-vous-sauver-ou-vous-detruire/).
Elle consiste à se poser la
question : si vous deviez revivre ce que vous vivez maintenant
pour l’éternité, est-ce que vous continueriez à faire ce que
vous faites ? Vous êtes responsables de votre vie, accuser les
autres ne vous avancera à rien. Regardez
vers l’avenir au lieu de ruminer le passé. Et
si vous devez changer pour
mieux vivre, alors agissez et changez ce qui doit être changé.
Yalom nous pousse à répondre à ces questions déterminantes1 :
« que pouvez-vous
faire aujourd’hui dans votre existence pour ne pas, dans un ou cinq
ans, regarder en arrière et éprouver le même désarroi à l’égard
de nouveaux regrets que vous auriez accumulés ? En bref,
pouvez-vous vivre sans continuer à accumuler des regrets ? »
Ce
qui ne me tue pas me rend plus fort :
Cette célèbre
phrase de Nietzsche nous permet de nous rendre compte que les
difficultés que nous avons vécues ne nous ont pas simplement
blessés, elles nous ont aussi renforcés. En les surmontant nous
avons appris à mieux s’en protéger et ainsi à mieux vivre. Il y
a donc quelque chose d’encore plus fondamental dont on doit se
rendre compte ici : lorsque nous rencontrons des difficultés,
il ne faut pas simplement penser qu’elles nous détruisent, mais il
faut se demander qu’est-ce que nous pouvons en tirer de bénéfique ?
Qu’est-ce que nous pouvons emmener avec nous au-delà de la
blessure ?
« Certains
refusent le prêt de la vie pour éviter la dette de la mort » :
On
n’aime pas perdre, car perdre est douloureux. Alors on refuse de
s’engager, on refuse de s’attacher, pour ne pas avoir à perdre.
On ne veut pas postuler au travail que l’on veut parce qu’on a
peur de se faire rejeter. On ne veut pas commencer un projet qui nous
est cher parce qu’on ne veut pas le voir échouer. On ne veut pas
se marier pour ne pas risquer de divorcer. On ne veut pas avoir
d’enfants pour ne pas les voir souffrir comme tout être humain qui
vit. On ne veut rien risquer, même ce qu’on n’a pas encore. Pour
ne pas avoir à souffrir, on évite de vivre. C’est l’erreur que
nous risquons encore de commettre si nous ne sommes pas conscients de
notre manière de penser. Il y a une grande vérité dans cette idée,
c’est que vivre implique forcément une part de souffrance. Si nous
ne voulons pas manquer notre vie, acceptons de souffrir un peu,
acceptons le risque de perdre, et profitons de ce que nous avons tant
qu’il est là.
1 Irvin Yalom, Le jardin d’Épicure, chapitre 4