Si on se pose la question des raisons de vivre, c’est qu’on a envie de vivre, et de bien vivre. Si on n’avait pas ce désir fort de vivre, on n’aurait pas besoin de chercher des raisons pour, ni comment faire. On n’aurait envie de rien puisqu’il n’y a pas de désir, et il n’y aurait alors pas de problème. Mais si on est dans le doute, si on a du mal à voir par où s’aventurer dans la vie, et que c’est douloureux d’être dans cet état là, c’est que la vie humaine demande un chemin, et beaucoup d’hommes se sont posés la question de quel chemin prendre. C’est une question essentielle, et si on regarde bien le passé et même le présent, on voit les réponses qu’ont donné les hommes à cette question. Quand on les observe, on se rend compte des chemins fantastiques qu’ils ont empruntés et que l’on peut suivre.
Je vais essayer de présenter quatre chemins qui me semblent admirables : la science, le sport, l’art et l’humanité. Ce ne sont pas les seuls, mais ils englobent la quasi-totalité des chemins que les hommes de valeur ont considéré dignes et bons.
Si vous avez raté la première partie sur la science, vous pouvez la retrouver ici:
En ce qui concerne la deuxième partie sur le sport, la voici:
Et la troisième partie sur l’art:
Dernière partie: l’humanité
Et s’il n’y avait finalement qu’une raison de vivre, ce serait pour prendre soin de l’humanité. On ne commence pas à chercher des raisons de vivre si l’on n’est pas soi-même blessé, désorienté par la quantité de souffrances que contient le monde et que l’on porte en soi. On ne cherche des raisons de vivre que pour justifier cette souffrance, et on se demande « qu’est-ce qui a suffisamment de valeur et que je dois poursuivre pour au moins contrebalancer ne serait-ce que partiellement les douleurs du monde ? » Cela veut dire qu’on reconnaît cette part de souffrance qui est intrinsèque à la vie sur terre, et elle est partagée par toute l’humanité dans des parts différentes et inégales. Si l’on ne supporte pas cette souffrance en nous, alors il suffit d’un peu d’empathie pour ne pas la supporter chez les autres, et il en faut encore moins pour la détester chez ceux qu’on aime. Alors qu’est-ce que nous pouvons faire ? La réponse est claire lorsqu’il s’agit de nos proches. Peut-être que lorsqu’il s’agit de notre propre souffrance, nous nous posons beaucoup de questions, mais quand il s’agit de la leur, nous ne nous attardons pas trop dans les réflexions, nous agissons tout de suite pour réduire autant que possible leur souffrance.
Il est difficile d’entrer en empathie avec toute l’humanité, nous avons beaucoup de raisons de nous en méfier, l’histoire contient bien suffisamment de drames pour avoir des raisons solides pour la maudire et préférer sa fin. Mais nous en faisons partie, nous sommes de la même nature, et nous sommes capables du pire dont elle est capable, mais aussi du meilleur dont elle est capable. Et peut-être que le pire pèse lourd face au meilleur, mais ce n’est pas le pire que l’on veut reproduire, et si l’on se considère un être humain décent, c’est le meilleur que l’on cherche à voir dans le monde, même partiellement. Nous ne cherchons pas à rendre le monde plus difficile qu’il ne l’est déjà pour tous, au contraire nous cherchons à le rendre plus supportable, et si ce n’est pas pour toute l’humanité que nous le faisons, c’est pour nos proches, pour ceux que nous aimons, parce qu’ils le méritent, parce que nous ne voulons pas les voir vivre dans la difficulté, dans le déchirement, dans l’horreur.
Vous avez certainement déjà eu besoin d’aide, d’assistance, de réconfort ou de quelqu’un qui vous porte le temps de récupérer de vos blessures. Vous avez certainement trouvé cette personne parmi vos proches, que ce soit la famille ou les amis, et vous avez une infinie gratitude envers eux d’avoir été là. Si cela ne vous est jamais arrivé d’avoir eu besoin de quelqu’un durant un moment difficile, vous savez bien que cela va certainement arriver un jour, parce que la vie le demande, et vous aimerez trouver vos proches à vos côtés à ce moment-là. Si c’est le cas, alors vous voulez aussi être cette personne qu’ils viendront chercher quand ils traverseront un moment difficile, moment qui arrivera car la vie le demande à tous. Vous ne voulez pas être cette personne dont ils savent qu’ils ne peuvent pas compter sur elle, qui est davantage un fardeau qu’un soutien. Si ce sont des gens que vous aimez, vous ne voulez pas les voir traverser une difficulté et n’être pas là, ou être là et n’avoir aucune force qui puisse au moins aider à porter, même légèrement, une partie du poids qui pèse sur eux, alors que quelqu’un d’autre l’aurait eue.
Si vous voulez les trouver quand vous aurez besoin d’eux, soyez la personne qu’ils pourront aller chercher quand ils auront besoin de quelqu’un, soyez la personne à qui ils penseront et qu’ils vont désirer voir parce qu’ils savent votre valeur. Mais alors, est-ce que vous êtes la personne dont on peut avoir besoin ? Si la réponse est non, ce qui est plus ou moins le cas de beaucoup de gens, alors essayez de le devenir, et vous pouvez le devenir. Vous pouvez développer les forces nécessaires pour arriver à assister, à soutenir, à régler les problèmes que vous rencontrez pour soulager de cette tâche ceux que vous protégez. Apprenez à vous conduire dans le monde, à agir vers ce qui semble le meilleur. Accumulez du savoir et du savoir-faire sur votre route, repérez les forces chez les autres et apprenez tout ce que vous pouvez apprendre d’eux pour acquérir les mêmes. Vous deviendrez alors aux yeux de vos proches cette personne nécessaire à laquelle ils penseront aux moments les plus importants, et vous pourrez les aider à soulever le poids qui pèse sur eux, le temps qu’ils apprennent à le soulever eux-mêmes. Et quand vous aurez démontré votre valeur, vous verrez que d’autres personnes au-delà de vos proches auront besoin de vos forces, et vous leur porterez assistance, et votre valeur augmentera. Et au fur et à mesure, vous pourrez entrer en empathie avec toute l’humanité, et vous lui montrerez vos forces et elle demandera votre présence. Soyez celui qui tend la main et qui a la force d’assister, et toute l’humanité aura besoin de vous.
Conclusion
Pour conclure, si vous cherchez un chemin à emprunter, si vous cherchez des raisons de vivre, regardez parmi les gens que vous admirez le plus. Si vous admirez quelqu’un, c’est que vous lui donnez de la valeur, c’est que vous voulez être comme lui. Ce n’est pas forcément quelqu’un de célèbre, il se peut que ce soit un inconnu aux yeux des hommes, mais qui est proche de vous et qui vous montre ce que c’est que de bien se conduire dans le monde. Si vous admirez quelqu’un, c’est que vous avez déjà trouvé un chemin qui a du sens : c’est celui qu’il a emprunté et que vous pouvez prendre aussi, et le rendre vôtre. Le but n’est pas de reproduire cette autre personne, mais d’avoir une structure à partir de laquelle se construire soi-même. Et c’est possible de prendre plusieurs éléments de plusieurs personnes que vous admirez, et de les adapter à ce que vous êtes et ce que voulez devenir.
Si vous ne savez pas pour quoi vous passionner, essayez une à une les grandes passions de l’humanité : la musique, le théâtre, la danse, le sport, l’astronomie, la mer, etc. Ce n’est pas un hasard que ces passions soient présentes chez quasiment toutes les cultures du monde. C’est très facile d’être passionné par ces activités parce qu’elles sont très humaines, elles ont toujours été là d’une manière ou d’une autre. Essayez tout ce que vous pouvez essayer et regardez comment telle activité s’accorde avec votre personnalité, regardez comment elle vous agrippe. Vous risquez de porter un instrument de musique et de ne plus vouloir le lâcher, ou de monter sur les planches et de ne plus vouloir en descendre, ou de pointer un télescope vers Saturne et de vouloir vivre la nuit.
Et tant que vous vivez, essayez d’être une force dans le monde capable du meilleur. Nous en avons besoin. Soyez nobles et refusez la bassesse. Ne sombrez pas dans la haine et l’envie. Soyez fiers et grands. Devenez pour ceux que vous aimez un être fiable, sûr, solide, pour qu’ils puissent compter sur vous quand ils auront besoin de vous. Donnez-leur envie de vivre et de sourire comme vous voudriez les voir apprécier la vie.